L'aigle noir est mort
Parfois le scrap est joie et bonheur, il montre les moments heureux partagés, les rires des enfants et les photos de famille. Parfois, il me semble possible qu'il serve à arracher de soi les douleurs les plus vives. Aujourd'hui c'est une de ces pages de souffrance que je me décide à poster ici, car comme je le dit souvent, lorsque les mots sont sortis de moi alors les maux vont mieux.
Parfois, celui qu'on croit être destiné à vous protéger devient votre bourreau : le mien est entré dans ma vie quand j'avais 2 ans, en est ressorti quand j'en avais 7 et après 25 ans est revenu vivre au foyer familial.Aujourd'hui, il en est ressorti définitivement et enfin, je peux écrire que ses caresses qui n'étaient pas celles d'un père m'ont détruite. Je ne le hais plus : il n'existe plus .
Mon journaling est caché dans l'enveloppe rouge mais pour qui sait lire tout est dans le sublime texte de Barbara. Une tendre pensée pour Marjorie qui a su me guider vers ce texte et comprendre combien ma douleur y était traduite.
Je sais que, peut-être, certains vont juger cette page impudique mais qu'alors leurs mots aillent vers d'autres horizons : je n'ai ni envie ni besoin de ces mots-là. J'ai juste besoin, après 35 ans de silence de libérer mes mots qui peuvent s'écrire même s'ils ne peuvent encore se dire. Merci.
Un beau jour ou peut-être une nuit
Près d'un lac je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel
L'oiseau vint se poser.
Il avait les yeux couleur rubis
Et des plumes couleur de la nuit
À son front, brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.
De son bec, il a touché ma joue
Dans ma main, il a glissé son cou
C'est alors que je l'ai reconnu
Surgissant du passé
Il m'était revenu.
Dis l'oiseau, o dis, emmène-moi
Retournons au pays d'autrefois
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie
Et faire des merveilles.
L'aigle noir dans un bruissement d'ailes
Prit son vol pour regagner le ciel
Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin